Pêche randonnée le long de la Bénoué !
Un report de mon fréro Math pour continuer avec la thématique "pêche" à l'étranger !
6 heures du mat, on frappe à la porte de la petite case que nous louons dans le parc de la Bénoué, c’est Bello notre guide local qui vient nous chercher. Une nouvelle journée de pêche s’annonce. Une demi heure plus tard nous sommes prêts, canne pliée matériel de pêche rangé dans le sac, casquette et crème solaire de rigueur. Nous sommes dans le nord du Cameroun et le soleil n’est pas tendre avec notre teint cachet d’aspirine tout droit sortit de l’hiver français. Nous sommes le 20 janvier, arrivé dans le parc national de la Bénoué c’est notre deuxième jour de pêche, je suis avec mon pote Marc qui n’à jamais pêché de sa vie. Et nous avons désespérément et consciencieusement ratissé la rivière la veille. Rien, mais alors vraiment rien pas une attaque, pas d’activités. J’avais pourtant préparé au mieux ces quelques jours de pêche en glanant les rares informations sur internet. J’ai le bon matériel, les bons leurres ; nous sommes en saison sèche, le poisson est localisé dans les rares trous d’eaux disponibles. Normalement ça devrait cartonner mais il y un hic nous sommes en fait au début de la saison sèche et il fait très froid (enfin façon de parler). Les locaux nous annoncent directement la couleur on est venu un à deux mois trop tôt. L’eau est froide et le poisson très peu actif. Hier la panoplie complète de poissons nageurs flottant, semi plongeant, plongeant, suspending, grand coulant y sont passés. Toutes les marques ,tous les coloris, toutes les sortes d’animation y sont passées, résultat : bredouille. Marc s’est foutu de moi toute la soirée je lui avais annoncé notre périple de pêche à grand renfort de métaphore et d’image d’abondance. Ca sent sérieusement le roussi pour ma crédibilité de pêcheur si je ne sors pas un poisson aujourd’hui je vais avoir le droit à ces railleries et vannes douteuses tout le reste du séjour…
Nous marchons depuis une heure dans la savane arborée du parc et des bandes de Cob de Buffon et Cob Defassa s’enfuit devant nous régulièrement. Nous ne partons qu’au lever du soleil, partir plus tôt nous exposeraient aux risques d’une mauvaise rencontre. Le parc regorge de lions, buffles, panthère, hyène, éléphant, bref ça change des ragondins et des canards colvert… . Le pire serait d’arriver trop tôt au bord de l’eau et de se retrouver entre les hippopotames et la rivière, ils rentrent à l’aube de leur virée nocturne dans la brousse pour se nourrir, leur barrer la route nous exposeraient à de sérieux problèmes, ça ne rigole pas un mâle hippo et ça court beaucoup plus vite qu’on ne le croit, plus vite qu’un homme en tout cas.
Nous arrivons à la seconde mare, la rivière est magnifique, sauvage, intact, imposante. Sur la quasi totalité de son parcours en cette période d’étiage estival elle ne représente qu’un filet d’eau qui serpente dans le lit mineur. Il n’y a que quelques zones refuges appelés ici « mares » généralement dans les virages marqués quand la roche mère est affleurante. L’eau en période de crue creuse des fosses assez profondes au contact des parois rocheuses. Tout le petit monde aquatique ou amphibie se retrouve alors dans ces trous d’eaux plus ou moins grand. Les hippopotames mais aussi les crocodiles du Nil et bien sur les poissons. Je recherche particulièrement la perche du Nil appelé ici capitaine mais il y aussi du poisson tigre, des sortes de silure et bien sur plein d’espèces de poissons fourrage.
Nous pêchons à 50 m d’une bande d’hippos sous la surveillance d’un grand mâle, ils sont calme mais on les surveille quand même d’un œil….et on évite bien sur de faire passer nos leurres trop près d’eux.
De temps en temps une tête de croco sort de l’eau. D’habitude assez téméraire de caractère et plutôt prompt à me mettre en caleçon pour aller décrocher un leurre visible, et bien là l’envie m’en est subitement passée surtout depuis que j’ai vu les crocodiles sortir se réchauffer au soleil sur le banc de sable sur la rive opposée. Il y en à un qui dépasse allégrement les quatre mètres de long. Ça calme !!!
Deux heures qu’on pêche, pfffffffffffff Marc reprend ses blagues à deux francs cfa , il faut au moins que j’en sorte un. Je change de tactique, sans y croire vraiment j’ai emmené deux cuillères Mepps (Lusox N°2) et un spinner bait. Je ne m’en sers pas trop en France et j’aime bien aérer mon matériel !!!
Bien m’en à pris après une demi-heure à ratisser les berges parallèlement à la rive en animant très lentement et près du fond avec le spinner (je ne fais rien au mileu de la Mare) j’ai enfin une attaque !! Ca tire bien , mais je sais d’emblée que ce n’est pas un gros poisson. Après une lutte plus qu’honorable je ramène enfin une perche du Nil de 3kg. Je ne suis pas un grand pêcheur et cette prise me remplit de joie. Je décroche le poisson et je cours rejoindre Marc et Bello plus en aval sur la rivière hors de ma vue. Marc est ravit et le dîner est assuré pour ce soir, tanpis pour le nokill , on a pas grand chose à manger!
Une heure plus tard je rate un poisson tigre sur une cuillère Lusox , je le tiens quelques instants comme je peux, la touche et le rush de départ sont foudroyant. Ma canne est pliée en deux et je me cramponne comme un furieux. 30 secondes après le poisson tigre fait une chandelle monumentale à 15 mètres devant nous et… décroché. J’enrage mais en même temps je sais qu’ils sont très difficiles à ferrer, leur palais est constitué de plaques osseuses très dures et de plus ce sont les champions des sauts hors de l’eau. Il était énorme un bon mètre de long et plus de 10kg je pense. C’est un poisson qui atteint vingt kilos quand à la perche du Nil le record dans le parc est à 64 kilos… Avis aux amateurs de big fish ! Je reviendrai dans la Bénoué au mois de mars une autre année c’est certain ! je n’ai pas cartonné comme je l’espérai mais la beauté de cette rivière, son caractère originel, la faune omniprésente m’ont remplit la tête d’images que je n’oublierai jamais.